mardi 20 mars 2007

Bureaucratie


Un bruit de pas distant. D'où j'étais, le son semblait se rapprocher. Une ombre passa furtivement devant la porte vitrée puis les pas se perdirent dans le couloir. Un couloir moquetté comme il se doit. Les petites dalles carrées que l'on retrouve dans tout établissement accueillant plus de cinquante personnes. C'était un couloir étroit et grisâtre, comme le reste du bâtiment d'ailleurs.
De l'extérieur, même les fenêtres semblaient petites. Pourtant il n'en était rien. Bien que leur forme aux bords arrondis et l'impossibilité de les ouvrir déroutaient au premier abord, elles permettaient néanmoins de voir à plusieurs kilomètres alentour la proche banlieue parisienne qui s'étendait. A perte de vue, des toits et des immeubles. Peu de mouvement sauf dans la rue que l'on pouvait distinguer en s'approchant un peu plus de la fenêtre.

On entendait peu de bruit dans la journée. Parfois un costume cravate passait dans le couloir et disparaissait dans un bureau. C'était toujours bref et inattendu. Il se faisait happer comme si l'entreprise mangeait à longueur de journée ses employés. On ne le reverrait plus et un autre employé finirait comme le premier une à deux heures plus tard.

Bien que tous les employés soient semblables à leur teint terne et fade, il m'arrivait parfois de croiser le visage reconnaissable de l'employé du 3ème, à moins que ce fût celui du 7ème. Après tout, quel que soit l'étage, les gens étaient identiques. Il existait néanmoins dans ma section deux catégories: les costumes cravates et les pulls col roulé. Les premiers arboraient usuellement une expression analogue aux seconds: taciturne, l'air absorbé ou totalement prostré. Les uns faisaient du management, les autres de la technique.

J'occupais le cinquième bureau à gauche dans le couloir de droite. Assez vaste pour le bâtiment, la pièce était investie par quatre bureaux, tous munis de leur inséparable écran à tube cathodique. En ce début de semaine, mes collègues étaient absents et je restais seul au poste.La tâche n'étant pas harassante, j'entrepris l'écriture d'une très courte nouvelle. Ayant toujours entendu dire "le plus important, c'est l'accroche", je réfléchis une minute avant de poser les premiers mots:
Un bruit de pas distant. D'où j'étais, le son semblait se rapprocher...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Passer du monde « estudiantin » celui de l’espoir, conforté par l’insouciance de la jeunesse, vers le monde « du savoir et du paraître », celui des adultes, apporte quelquefois désillusion, abattement et découragement

Cédric a dit…

En lisant le blog de tes péripéties asiatiques (je ne pourrais jamais cesser de louer ton courage pour une telle excursion et de maudire ce périple qui nous prive de ta présence et de ton savoir-faire) et m'ennuyant passablement au bureau, j'ai remonté le fil de tes divers blogs (même si le deuxième avec ces cinq articles fait peine à voir, tu devrais passer les concours de la fonction publique, tu aurais le temps de les alimenter), et je suis tombé sur la thématique du castor qui écrit.
J'ai eu maintes fois l'occasion d'apprécier ta plume, encore en ce moment en lisant ton interminable carte postale virtuelle que tu espères faire passer pour remplaçant celle que nous attendons tous fébrilement depuis maintenant quatre mois (je suis en train de me résoudre à y renoncer)mais j'ignorais que tu avais passé le cap des mails interminables pour la vraie littérature.
De cette nouvelle que je commente j'en pense grand bien et à l'occasion j'aimerais bien en lire d'autres....

ikastor a dit…

Merci :)
Tu fouilles dans les archives à ce que je vois. Il y a cinq ans, certains stages m'ont laissés le temps de vagabonder...
Je ne suis pas contre suivre un atelier "écriture" un jour avec Quiproqu'Oz.
Concernant la carte-postale, pour l'instant ce n'est pas gagné mais qui sait...