dimanche 29 juillet 2007

Ternes aurores

Allongé dans ce grand lit, les paupières demi-closes, il émergeait lentement de la torpeur. Il la regardait avec admiration. Allongée auprès de lui, elle rêvait encore à poings fermés. Les premières lueurs de l’aube passaient à travers la petite fenêtre de la chambre au papier jauni. Il jeta un bref coup d’œil à la vieille armoire en bois sombre, héritage familial, qui renfermait ses vêtements. Mais il n’était pas encore question de se lever. Il comptait bien faire durer cet instant paisible et irréel du réveil.

Il contemplait les courbes tendres et élancées de sa compagne, sa peau douce et suave qu’il effleura délicatement du revers de sa main pour ne pas la réveiller. Il se remémora leur rencontre fortuite il y a déjà plusieurs mois, les diners et les fou-rires qui suivirent, les jours heureux, et le temps qui passe. Tous ces tic-tac égrenés à ses côtés donnaient à ces premières pensées du matin des allures nostalgiques. Il n’avait pas vu filer les jours et avait quelques remords de ne pas en profiter d’avantage. Tous les jours il voyait ces vies écourtées qui n’ont pas profité. Il s’était toujours dit qu’il se donnerait à deux cents pour cent, mais là, ce matin, il avait du mal à faire un bilan. L’introspection ne donnait rien. Peut-être était-t-il encore trop tôt ? Six heures passées de quelques minutes.

Décidé à se lever, il s’accorda une dernière minute au lit, tourna la tête vers la fenêtre et regarda les nuages avancer. Ça ne serait pas une belle journée pour la saison. Le ciel était gris à souhait, les routes et les champs surement encore ruisselants des pluies de la nuit.

Il se leva délicatement et posa un regard attentionné vers son amie. Elle bougea légèrement en poussant un petit grognement. Elle dormait. Lui esquissa un sourire.

Il se dirigea vers la cuisine encore baignée d’ombre, mit deux tranches dans le grille-pain puis revint vers l’armoire. Il choisit comme à son habitude des vêtements sombres. Il n’avait guère le choix. Ça serait encore une nouvelle journée maussade. Un défilé de sombres amertumes. Pas facile, la vie de croque-mort !

samedi 7 juillet 2007

Les Chevaliers du subjonctif


Que vous ayez lu ou non le précédent ouvrage d'Erik Orsenna "La Grammaire est une Chanson Douce", "Les Chevaliers du Subjonctif" vous entraine dans une mini-aventure à travers un archipel assez original. Que fût légère et amusante, au cours du voyage de Jeanne, cette redécouverte d'un mode du flou, du doute, du possible. Le rêve et le désir. Une enquête sur le "qu'est-ce que l'amour" en toile de fond. Ne craigniez point de vous aventurer dans cette courte lecture dépaysante ;-)