lundi 29 septembre 2008

L'insoutenable légèreté de l'être

Selon Nietzsche, l'éternel retour serait un monde où tout se répète. Un éternel recommencement où l'on a le souvenir de sa vie passée. Et "il y a une infinie différence entre un Robespierre qui n'est apparu qu'une seule fois dans l'histoire et un Robespierre qui reviendrait éternellement couper la tête aux français."
"Le mythe de l'éternel retour affirme, par la négation, que la vie qui disparaît une fois pour toutes, qui ne revient pas, est semblable à une ombre, est sans poids, est morte d'avance, et fût-elle atroce, belle, splendide, cette atrocité, cette beauté, cette splendeur ne signifient rien."
Kundera commence ainsi à nous parler merveilleusement de l'insoutenable légèreté de l'être. A travers les vies de Thomas et Tereza surtout, mais aussi Sabina, Franz et même le chien Karénine, Kundera tisse un récit qui oscille entre philo et poésie. La vie est-elle légère, comme semble l'être celle de Thomas le libertin, ou est-elle pesante, comme celle de Tereza que la jalousie afflige et qui porte le poids de son passé à travers les traits de sa mère?

Un tout autre chapitre (et ensuite j'arrête les citations, promis ;) :
"L'accord catégorique avec l'être a pour idéal esthétique un monde où la merde est niée et où chacun se comporte comme si elle n'existait pas. Cet idéal esthétique s'appelle le kitsch. [...] Le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l'existence humaine a d'essentiellement inacceptable. [...] [C']est un paravent qui dissimule la mort."
Et s'ensuit tout une réflexion épatante sur le kitsch totalitaire, le kitsch politique et la grande marche, sorte d'idéal communiste, un "cheminement vers la fraternité, l'égalité, la justice, le bonheur, et plus loin encore", qui est ici dénoncé.

L'insoutenable légèreté de l'être est le premier Kundera que je lis et j'en ressorts plutôt conquis :) Je crois que ce ne sera pas le dernier ;)

dimanche 28 septembre 2008

Charlie Wilson's War

La guerre selon Charlie Wilson, c'est une façon assez originale de s'investir pour une cause qui ne préoccupe pas grand monde à Washington (l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS), de mobiliser d'une façon ou d'une autre les membres du congrès et de créer discrètement d'improbables alliances (Pakistan - Arabie Saoudite - Egypte - Israël (cherchez l'intrus)). Ce représentant démocrate au Congrès du 2e district du Texas, aux moeurs légères et au levé de coude facile (surtout pour du whisky), se révèle être un homme de conviction, stratège briant et persévérant.
Poussé par l'anticommuniste et milliardaire Joanne Herring, Charlie Wilson aidé par un agent de la CIA, Gust Avrakotos, rencontre les dirigeants Pakistanais et réussi peu à peu à augmenter les budgets secret de la CIA pour armer les moudjahidines du commandant Massoud.

Avec Tom Hanks et Julia Roberts, ce film plein d'humour nous fait vivre très habilement une page assez sombre de l'histoire moderne. La première guerre d'Afghanistan de décembre 1979 à février 1989 oppose l'union soviétique à une résistance afghane soutenue par les Etats-Unis. L'opération "cyclone" de formation et d'armements des moudjahidines sera un succès puisqu'elle contribue directement au démantèlement du bloc de l'Est en 1991; mais c'est aussi ce qui fera apparaître Oussama Ben Laden, ce saoudien qui créera Al Quaida sur les bases de la résistance Afghane, formée par la CIA et les services secrets pakistanais.

Massoud sera tué par deux terroristes Tunisiens le 9 septembre 2001.

vendredi 26 septembre 2008

La fille de Monaco

J'ai vu le dernier Luchini à l'occasion de la rentrée du cinéma, voilà près de deux semaines (déjà).
Réalisé par Anne Fontaine, la fille de Monaco nous fait vivre quelques jours de la vie d'un avocat fort troublé par une pétillante présentatrice météo qui mange la vie, insouciante et frivole. Mais plus que l'intrigue amoureuse, c'est sans doute le lien qui se créé entre l'avocat et son garde du corps (l'impressionnant Roschdy Zem) qui en fait un film original... ainsi que son étonnant dénouement.
Avec un Fabrice Luchini toujours excellent (mais bien grassouillet) et une séduisante Louise Bourgoin qui réussi son examen de passage (son premier rôle!), ce film occupera très bien une de vos soirées ;)

jeudi 25 septembre 2008

Le chevalier inexistant

L'histoire d'un chevalier qui n'est pas dans son armure! Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez - c'est son nom - a la plus belle et blanche armure des paladins de Charlemagne. Et pour cause, Agilulfe n'est qu'une armure vide; un chevalier inexistant, maniaque et ordonné qui a du temps pour lustrer son armure puisqu'il ne dort pas.
Italo Calvino nous embarque dans un conte fantastique à la poursuite de ce chevalier inexistant et de son écuyer Gourdoulou qui lui est bien réel mais ne le sait pas...
Combats contre les Sarrasins assez suréalistes et quêtes parralèles où chaque personnage tente de donner du sens à sa propre existence. Un roman chevaleresque pas comme les autres.

Ce fut une lecture de détente estivale... bien que je blogue tout celà un peu tardivement...

mardi 23 septembre 2008

Into the Wild

Neuf mois après la sortie du film de Sean Penn qui avait reçu tant d'éloges, je n'avais pas encore vu Into the Wild... erreur réparée!
En 1990, Christopher McCandless (joué par Emile Hirsch), 22 ans et promis à une réussite certaine, plaque tout et décide de partir par ses propres moyens en Alaska. Projet fou, histoire vraie, de quelqu'un qui se cherche et fuit un monde dans lequel il ne se reconnaît plus. Son aventure l'amène à croiser d'autres destins, des gens parfois atypiques et toujours touchants.
Une plongée en pleine nature et au coeur de l'éternel questionnement humain en quête du bonheur.
Les paysages sont magnifiques, l'histoire est poignante, la BO est à réécouter (ce que je viens de faire).

lundi 22 septembre 2008

Anne Roumanoff

Vendredi dernier, j'ai fait un petit détour par les Bouffes parisiens pour découvrir le dernier spectacle d'Anne Roumanoff. Déjà 20 ans de scènes (ouille)!
Je ne fait pas parti du fan club et j'avais peur que ce soit un peu long... mais que néni! Le spectacle est bien rythmé et les sketchs sont drôles et visent juste. En évoquant des thèmes d'actualité ou en incarnant des personnages du quotidien, Anne Roumanoff nous fait passer une très agréable soirée (à un prix totalement abordable: à partir de 16€).
Donc n'hésitez pas... ça détend les zigomatiques ;-)

samedi 13 septembre 2008

Eugène Onéguine

C'était également la rentrée à l'opéra... et pour cette nouvelle saison, j'ai commencé par Eugène Onéguine, un opéra de Tchaïkovski représenté par le Bolchoï de Moscou - une des deux compagnies invitées en septembre (puisque le New York City Ballet est en ce moment à Bastille).

La mise en scène de Dmitri Tcherniakov est assez classique avec un (presque) unique décors centré sur une gigantesque table ovale. La jeune Tatiana, rêveuse, erre loin de cette table où tout les voisins et amis sont conviés. Mais dès qu'elle aperçoit Onéguine, cette inconnu qui lui rappelle tant les héros des livres qu'elle dévore, elle en tombe éperdument amoureuse et lui écrit une lettre enflammée. Mais Onéguine ne sera pas séduit et comprendra son erreur que bien plus tard lorsqu'il aura peine à reconnaitre la timide jeune fille sous les traits d'une princesse maîtresse d'elle même.

L'opéra tiré de l'oeuvre de Pouchkine a fait scandale à Moscou il y a deux ans, notament à cause d'une scène d'extérieur (un duel) qui se retrouve au beau milieu de cette salle à manger... mais personnellement ça ne m'a pas choqué (On voit bien pire de temps à autre à l'opéra de Paris!!).
Cette oeuvre du romantisme russe est portée par les voix de Tatiana Monogarova (Tatiana), Andrey Dunaev (Lenski) et le très impressionant Anatolij Kotscherga (prince Grémine).

Je ne vous conseillerai pas de le voir... il n'y a plus de représentation! ;-)

vendredi 5 septembre 2008

L'image révélée

Hier soir, déambulation dans les allées du musée d'Orsay pour deux expos qui n'en font qu'une sur les débuts de la photographie.
Le daguerréotype français présente l'invention de Louis Daguerre finalisée en 1839 qui permet d'obtenir une image, ultra-précise mais petite et non-reproductible, sur une plaque de cuivre argentée, et ce directement en positif. L'engouement chez les contemporains est rapide bien que le procédé soit complexe. Ce qui est frappant dans les daguerréotypes présentés - comme les portraits de Victor Hugo et d'Alexandre Dumas ou sur la vue des berges de la Seine - c'est l'impression de précision et de détails (que l'on ne retrouve guère sur nos photographies actuelles) ainsi que l'effet miroitant quasi holographie de l'argent.
L'image révélée quant à elle nous fait découvrir les calotpyes - littéralement "la belle image" - issues de l'invention de William Talbot brevetée en 1941. Cet anglais à la bonne idée d'utiliser un négatif reproductible par contact sur papier salé dans des formats variés et à un coût moindre. A l'opposé des daguerréotypes ce ne sont pas les détails que l'on voit mais le velouté des contrastes et des ombres où s'estompent les contours. L'expo souligne l'influence de la peinture dans les premiers clichés, comme cette meule de foin sur laquelle repose une échelle prise par Talbot lui-même.
Comme vous l'aurez compris, l'anglais Talbot donne naissance à la photographie argentique que l'on connait alors que l'invention du français Daguerre, trop complexe et trop chère a décliné rapidement.

Deux expos à découvrir très vite puisqu'elles se terminent dimanche!

mardi 2 septembre 2008

Google (Nickel) Chrome

Peu de rumeurs avaient filtrées avant l'annonce du lancement du dernier produit de la firme de Mountain View. Google jette un pavé dans la marre et s'attaque à un nouveau marché grâce à un navigateur web novateur nommé "Chrome".
Sa sortie annoncée lundi soir par une bande dessinée de Scott McCloud a été confirmé ce soir lors d'une conférence de presse (à 20h heure française) donnée par Larry Page et Sergey Brin (à l'américaine: en t-shirt...)

Après un petit essai (oui, je n'ai évidemment pas résisté! j'ai du le télécharger dans les dix minutes qui ont suivi sa mise en ligne... hihi) on peut effectivement voir que Google n'a pas fait les chose a moitié. L'interface sobre et design cache un moteur de formule 1. Le navigateur se veut open-source et il récupère par la même occasion "Webkit"* le moteur de Safari (le navigateur Mac) et "V8" une machine virtuelle javascript développée par l'équipe danoise de google.
La véritable innovation technique est "la séparation des pouvoirs". Comment ça, c'est du déjà vu? Ici chaque onglet à son processus propre et chaque plugin (Flash, Acrobat) également. Ce qui permet d'avantage de sécurité et de bien meilleures performances. Si un des onglets devient lent, s'il mange toute la mémoire, ou pire, s'il plante totalement... les autres onglets se portent à merveille et vous pouvez fermer l'indésirable malotru! 
Et ceci s'inscrit dans une vision bien plus globale. En effet, avec des outils d'édition en ligne comme Documents&Spreadsheets (en concurrence direct avec la suite Office de Microsoft), Gmail (qui a remplacé depuis un bon moment nos vieux Outlook) et Calendar (idem), la vision de Google pour l'avenir passe clairement par des outils totalement en ligne, d'où l'indispensable besoin d'avoir un navigateur stable! (On ne peut pas perdre trois pages d'un compte-rendu de réunion parce qu'une autre page web bug irrémédiablement...).

Chrome va sans doute prendre un peu de part de marché à IE (70% pdm en europe) mais (malheureusement) sans doute plus à Firefox (30%) dans un premier temps dont les utilisateurs technofiles sont plus volatiles.
Et si Google Chrome était un préambule au système d'exploitation du futur? concurrence-t-il directement Windows comme le laisse entendre Michael Arrington sur TechCrunch? Google est-il en passe de devenir le nouveau Microsoft? Son omniprésence sur le web et dans nos vie le fait de plus en plus ressembler à HAL 9000... vous savez, ce sympathique ordinateur de bord de 2001 l'odyssée de l'espace :) Gentil google, gentil :)

A la clôture du Nasdaq ce soir, l'action Google ne prend (que) 0,42% (je croyais la bourse plus réactive à ce type d'annonce... manque de retour sur investissement direct?)

*Webkit est également présent dans la plateforme Android, futur système d'exploitation de Google pour les téléphones portables. Sortie attendue en fin d'année sur un HTC il me semble... (à suivre de près! voilà un beau concurrent de l'iphone!)